Résidence de designers en collaboration avec Art Point M et Lille Design organisée à l’esa-npdc.
L’eau comme ressource et énergie est un élément structurant de l’urbanité. Mais l’eau est d’abord vitale, elle constitue 65 % du corps humain. Ainsi l’eau et sa distribution dans la sphère publique comme dans la sphère privée doit être sans cesse réinterrogée au regard des attentes et des contraintes économiques, environnementales et des évolutions de la société. Les usages de l’eau méritent à ce titre d’être réinterprétés afin qu’ils apportent des réponses nouvelles à la nécessité de s’abreuver ou de satisfaire à des besoins d’hygiène corporelle, pour ne citer que quelques exemples.
Ce qui est demandé aux candidats aujourd’hui, c’est d’envisager un scénario innovant de l’eau dans l’espace public. De la fontaine aux souhaits numériques, à la mise en place d’une gamme de produits visant à améliorer l’ergonomie des bouches d’égouts en passant par la création d’une ligne d’objets éco-durables répondant aux différentes utilisations domestiques de l’eau dans la ville, il s’agit de répondre à une problématique du rôle social de l’eau dans l’espace public.
Intervenants
Elise Morin – Plasticienne. Paris / elise-morin.com/
Formée à L’Ecole Nationale Supérieure des Arts Décoratifs de Paris, à la Central Saint Martins College de Londres puis à la Tokyo National University of Fine Arts de Tokyo, Elise Morin développe des installations et des vidéos empreintes de références aux différentes mutations des paysages contemporains. Accumulation de matériaux identiques, répétition de motifs, il existe un rapport très étroit entre ses installations et l’espace qu’elles occupent. Elise Morin utilise des matériaux simples et jetables du quotidien, comme le ruban adhésif, des CD, des sacs plastiques. Mais aussi des matières : l’eau, le métal …
Une approche poétique du temps et de la lumière. Elise Morin a notamment exposé en France au 104, au Jeu de Paume, aux Musée d’Art Contemporain de Bucarest et de Tokyo.
Florent Albinet – Designer. Aubervilliers / florentalbinet.com
Diplômé de l’école Boulle en 2004 dans l’atelier de monture en bronze, Florent Albi-et poursuit ses études en design à l’ESAD de Reims où il obtient en 2008 son diplôme avec les félicitations du jury. Depuis il travaille pour Godefroy de Virieu, les Delo Lindo, Mathilde Bretillot, et Matt Sindall.
En 2012, il intègre la résidence des ateliers de Paris où il crée son propre studio. Proche des techniques artisanales d’atelier comme des processus industriels, il développe un attrait particulier pour l’architecture navale, depuis ses aspects des plus sommaires jusqu’aux plus techniques : du radeau au voilier, en passant par la bouée. Il envisage l’élément marin comme un nouveau champs d’investigation et d’expérimentations basé sur un savoir-faire, une maîtrise technologique et une culture spécifique. L’atelier qu’il développe s’articule autour de projets liés à l’événementiel, à l’hôtellerie ou à des infrastructures côtières.
Olivier Cortes – Designer. Paris / cortesolivier.com
Diplômé en 2011 de l’ESAD de Reims, Olivier Cortes poursuit sa formation à la Danish Design School de Copenhague. La rencontre avec le plasticien Charlie Meaker lui insufflera la passion des maitres verriers puis la participation active à l’atelier de design végétal de Patrick Nadeau vont profondément changer sa vision du design. Il cherche depuis à répondre aux questions liées à l’énergie et aux modes de productions industrielles, à l’importance d’un design raisonné autour et pour la nature. Ses objets et projets cherchent à redonner une lisibilité à une forme, une matière et un savoir-faire tout en questionnant le rôle et la place de l’homme dans les microcosmes domestiques de nos sociétés contemporaines. Il exerce aujourd’hui son métier de designer en freelance à Paris, collabore avec Adrien Haas
Jade Meneve – Designer. Bruxelles / jademeneve.com
Jade Meneve achèvera en 2014 son cursus d’étude en design industriel à La Cambre de Bruxelles. Jade est née en 1991 à Taïwan d’un père Belge et d’une mère Taïwanaise. Une adolescence bercée entre deux pays, deux cultures et deux langues. Un atout qu’elle cultive en partant à Shanghai pour une formation complémentaire en design produit.
Cette nouvelle expérience renforce ses premières intuitions et sa volonté de pratiquer un design centré sur les relations humaines. Des objets et des dispositifs chargés d’émotions et qui « racontent des histoires ».
Projets
« Nuage domestique » – Elise Morin
Les nuages et la pluie n’ont pas de statut juridique contrairement à la terre, la mer ou l’air. Alors pourquoi ne pas s’en servir ? Dans une région où il pleut souvent, pourquoi ne pas inverser la tendance et faire de la pluie et des nuages un moment joyeux et poétique. Un spectacle attractif mais aussi et surtout une réflexion sur les enjeux liés à la gestion de l’eau. C’est le défi que lance Elise à travers ce projet qu’elle imagine comme une fontaine inversée. Un lieu où l’on se rencontre sous un nuage revisité. Un dispositif subtil composé de couches et matières filtrantes stimulant des jeux d’eau et de lumières. Une surface assainissante y est associée, capable de transformer l’eau de pluie en eau potable. Une « eau de ville », ici de Tourcoing, distribuée dans des bouteilles en verre, pour éviter le plastique, autre enjeu de préservation de la planète.
« Transition végétale » – Florent Albinet
Les hommes ont depuis toujours eu une approche pragmatique de l’eau. Les canaux conçus comme de véritables autoroutes à marchandises coupent les villes en 2. Entre béton et eau, pas de transition. Florent souhaite casser cette rupture en imaginant une série de modules légers et souples accueillant faune et flore : cabanes à canards, nids d’oiseaux, ruches.
Mais Florent souhaite aller plus loin en y associant des terrasses flottantes pour le public créant ainsi un véritable oasis pour une nature retrouvée au cœur des villes.
« Culture d’Eau » – Olivier Cortes
On oublie souvent que l’eau est une matière qui vit au travers d’un cycle naturel et fragile, habitué que l’on est à ouvrir le robinet quand on a besoin. Pour nous aider à en (re)prendre conscience, Olivier imagine « culture d’eau », une sculpture énigmatique et poétique qui s’apparente à une fontaine d’un nouveau genre. Avec « culture d’eau », on cultive son eau un peu comme son jardin avec attention, douceur et patience.
Ce dispositif complètement autonome est composé de plusieurs modules. Il capte les différents états naturels de l’eau : pluie, brouillard, condensation … Puis il les filtre par différents moyens naturels : plantes, billes d’argiles, mailles végétales (textiles innovants). L’eau ainsi stockée peut être utile à arroser les jardins privés par exemple ou à plus grande échelle, les jardins publics.
« Cloche à Eau » – Jade Meneve
Le bruit que génère une ville en perpétuel mouvement est souvent associé au stress : circulations intensives, travaux … On parle de pollution sonore. Il existe pourtant un bruit qui permet au cerveau de s’extraire des nuisances extérieures, on l’appelle le bruit blanc.
Le bruit de l’eau qui tombe en continu en fait partie. C’est le point de départ du projet de Jade, un dispositif qui consiste à associer un banc à une cascade « enveloppante ». On y entre comme dans un cocon aquatique. Le bruit de l’eau ne couvre pas le bruit de la ville, mais il permet de focaliser l’attention des usagers sur autre chose. Un moment de pause ou d’évasion au cœur de la vie mouvementée des villes.
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