Cette installation porte sur les corps étrangers, qui constituent l’un de mes axes de recherche. À l’ère du progrès chirurgical et de l’utopie de la performance, la technologie s’intègre au corps, non sans une atteinte à l’identité, comme le souligne l’ouvrage L’intrus de Jean-Luc Nancy. Inspirée du fonctionnement du pacemaker, qui me semble incarner cette ambiguïté entre protection et intrusion, cette installation se veut hybride, entre univers médical et industriel. Ici, il est question d’une intervention non pas chirurgicale mais architecturale. Un dispositif électrique envoie de l’énergie au boîtier « issue de secours », provoquant ainsi un clignotement, celui d’un SOS.
Lorsque l’on s’approche de l’installation, la lumière se fige et éclaire frontalement le spectateur.
L’objet est détourné, mais sa fonction de protection est maintenue. Enveloppant ce coeur industriel, le latex forme une peau. Des tuyaux transparents retombent jusqu’au sol, rappelant des cathéters. Ils induisent une étrangeté qui perturbe la lisibilité du mécanisme, développant en cela une atmosphère qui en devient inquiétante : les matériaux sont recouverts et pénétrés par d’autres, mais assurent cependant la fonction initiale, qui consiste à signaler la sortie de secours.
Une partie de Intrusion a été réalisée avec Xuelu Yan, dans le cadre du Module de co-création Arts et Sciences, Polytech’Lille – Esä
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